Date
02/06/2015
20 h 00 min - 21 h 30 min
Adresse
Centre Alliance Edmond J. Safra
Conférence Mardi 2 juin à 20 heures
Par Agnès Horvàth
« Béla Tábor est un penseur universel, à la fois maître et thérapeute non pas de la psyché, mais de l’esprit, un libérateur de la personnalité.
Pour moi, il incarnait l’unité de la spéculation et d’une présence attentive. Jamais, chez lui, n’étaient séparées pensée et foi, théorie et sensibilité artistique, perspective intellectuelle-universelle et une ferme option pour le judaïsme. Vu l’opportunité et le fait que je suis concernée en personne, le centre de mon intervention s’organisera autour autour de son concept de judaïsme, formulé dans Les deux voies… Il y propose le programme intellectuel d’un judaïsme qui ne mesure pas ses actes et son choix de valeurs sur les fautes de l’autre. Le but du livre est d’éduquer une génération rigoureuse, consciente, sûre d’elle-même. Une génération capable de supprimer en elle, sans toutefois faiblir son identité juive, tout ce qui serait susceptible de rétrécir son horizon, et d’assimiler sans toutefois paralyser sa sensibilité universelle, les valeurs héritées de sa communauté, mais lui devenues depuis étrangères.
Si j’ai opté pour ce titre Et choisis la vie, c’est que mon maître de toujours m’a appris ce verset de Moïse V.30 : J’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction ? Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité pour aimer l’Eternel, ton Dieu. Et que le livre de Tábor se termine par lui.
La pensée principale de Tábor se résume en ceci : pour lui, le biblicisme est la « priorité » de la deuxième personne. »
Agnès Horvàth
Béla Tábor (1907 – 1992) grandit dans l’esprit de ce que lui insuffle son père : Hongrois des orteils aux oreilles, Juif en corps et en âme.
Adulte, il devient marxiste, mais avec l’élargissement de son horizon intellectuel, il assimile petit à petit les questions et les réponses fondamentales posées et données par la Bible, les mystiques spéculatives, la Cabale, les penseurs dialogiques : Buber, Rosenzweig, Ebner, etc.
Ces questions, il les reformulera dans le registre spéculatif-langagier de l’époque. Tábor écrira Les deux voies du Judaïsme en 1938, à la suite du fameux discours de Győr, appel à la première loi anti-juive.
Son but était d’éveiller le judaïsme hongrois assourdi et de contribuer à le mobiliser au niveau intellectuel. Avant d’entamer en 1942 son service de travail en Ukraine, Tábor publie son article-manifeste, Judaïsme professionnel ou vision du monde juive.
Après la libération de la Hongrie en 1945, pendant l’ère bolchevik, il ne publie rien, mais travaille sans s’interrompre sur l’élaboration de son concept personnalité et logos. Il dirige la maison des séminaires pour des artistes et des savants.
Ágnes Horváth (1949) est, par son métier, professeure de français à l’Université ELTE de Budapest, et critique d’art par son amour pour les arts avantgardistes.
Elle a publié bon nombre d’articles dans les deux domaines, littérature et beaux-arts, et est plusieurs fois intervenue à Paris et à Toulouse faisant des conférences portant sur ces mêmes sujets.
Pourtant, ce qui l’a formée et ce qui constitue pour elle le premier champ d’investigation, c’est l’intersection d’un groupement artistique, dit l’Ecole Européenne, groupement très actif entre 1945 et 1948, mais très discret pendant l’ère bolchevik, et alimenté au niveau intellectuel par un autre centre, celui-ci plutôt spéculatif, signé par Tábor.
Cette osmose entre deux lieux – car il s’agit en effet de deux appartements –, entre deux approches : beaux-arts et pensée, marquera Horváth pour toujours. Ces deux interventions, à Paris sur Tábor, à Troyes sur Jakovits sont témoins de ce fait.